Mahfooz Moussa Cadersaib | Lord Maire, Port Louis

Monsieur le Lord Maire, pouvez-vous partager avec nous les étapes marquantes de votre vie qui vous ont amenées à occuper le fauteuil de Lord Maire aujourd’hui ?

J’ai vu le jour et j’ai fait mes premiers pas au Ward IV de Port-Louis. Enfant et jeune homme, j’ai marché sur les traces de mes frères, engagés dans les actions sociales en vue d’améliorer la vie des quartiers. Avec eux, j’ai parcouru la ville de long en large et j’ai appris à connaitre tous ses coins et recoins. Au fil des années, je me suis également intéressé à la chose politique, et animé par le souhait profond de transformer Port- Louis en ville fleurie et en “Green City”, moderne et durable. Devenir Lord Maire est la concrétisation de ce dévouement envers la cité. Et je fais un point d’honneur de rester accessible à tous les habitants de la ville de Port-Louis.

Quelles sont les grandes missions d’un Lord Maire, plus encore, lorsqu’il s’agit de la capitale de la Nation ?

Port-Louis est quelque chose d’unique dans l’histoire de Maurice car la ville a été et reste le témoin d’événements majeurs sur le plan social, économique et politique du pays. Pour rappel, la ville est devenue une municipalité en 1850. Et, elle a obtenu le statut de Cité de Port-Louis le 25 août 1966. Le titre de Lord Maire a été alors attribué au premier magistrat de la ville, Sir Gaëtan Duval.

Le pays a obtenu l’indépendance le 12 mars 1968. Et, je pense que tous les Mauriciens ont dû visionner ces images d’archives du premier lever du drapeau national qui s’est déroulé au Champ-de-Mars. De nos jours cet endroit symbolique est toujours utilisé pour les parades nationales. Et, en temps normal, le Champ- de-Mars attire une foule importante venue assister aux courses hippiques, une très vieille tradition de la ville.

Pendant ces derniers 53 ans, la capitale de Maurice n’a cessé d’être un haut lieu décisionnel mais a également accueilli de grands rassemblements d’ordre culturel. En tant que Lord-Maire, évidemment, l’une des plus grandes responsabilités est d’assurer la sécurité des citoyens qui vivent et viennent travailler dans la capitale. Celle-ci est construite autour du Port et elle abrite les plus hautes institutions comme le Parlement, la Cour Suprême, la Banque de Maurice, les Casernes Centrales, et le siège des nombreuses banques, entre autres.

Aujourd’hui, en plus des responsabilités traditionnelles, en tant que Lord Maire, j’ai la ferme intention de rajouter la touche environnementale. Je suis persuadé qu’en étant propre, fleurie et en faisant appel aux ressources durable, la capitale inspirera cette même démarche à travers le pays, voir par delà nos frontières.

Il y a une éducation à faire dès la maternelle et tout un état d’esprit à faire évoluer. C’est pour cela que je suis engagé dans différents projets environnementaux, comme l’entretien des jardins existants, à Les Salines et à Marie Reine de la Paix, et la création de jardins et d’espace verts.

Par ailleurs, Port-Louis bénéficiera aussi de la mise en place par le gouvernement d’un e-council. Nous attendons avec grand intérêt la digitalisation de nombreux services. Cela permettra notamment d’identifier les zones d’interventions en termes de service de voiries, de déblocage des drains et d’intervention rapide des services de la municipalité.

Qu’apporte le port à la vie de la capitale de Port-Louis ?

Déjà historiquement, celle de la ville se confond avec celle du port. Le nom de Port-Louis a été choisi par le Capitaine Dufresne D’Arsel en 1732, en référence au roi Louis V de France lorsque les Français ont pris possession de l’Ile Maurice. Le célèbre Mahé de La bourdonnais a laissé son empreinte en renforçant les installations portuaires, notamment en y faisant construire le premier moulin à sucre et en édifiant un hôpital.

C’est d’ailleurs sous ses instructions que la canne à sucre a été réintroduite, par exemple. La ville recèle toujours des vestiges des installations de défense du port, mises en place sous les Français et achevées sous les Britanniques. Il y a les Line Barracks, à proximité des bassins portuaires, abritant l’actuel quartier général de la police, Fort Adelaide (la Citadelle), sur une butte en arrière-plan de la ville, Fort George et Fort William, aux extrémités nord et sud de la baie abritant le bassin portuaire. Mais le port est surtout cet éminent lieu de passage de travailleurs “engagés”, qui a permis de rapidement décupler la population du pays après l’abolition de l’esclavage en 1835.

De 1810 à 1921, la population de Port- Louis passa d’environ 24 000 à plus de 50 000 habitants. On peut dire que l’ile Maurice, a, depuis toujours été un champ d’asile de toutes les populations, notamment asiatiques, disposées à aller chercher de la terre, du travail, et une nouvelle vie. s’y sont côtoyé des voyageurs de toutes les professions et religions, et de multiples origines : Malabares, Chinois, Malais, Arabes, Indiens des deux religions qui se partageaient l’Inde : Hindouisme et Islam. Ceux qui ont foulé le port de Maurice à cette époque ont chacun contribué à modeler ce qu’il est aujourd’hui : une ile paisible et multiculturelle. D’ailleurs il y a des cathédrales, des mosquées, et temples faits en pierres tailléesm, à la main, datant de cette époque qui témoignent de ce bouillon de culture. Et encore aujourd’hui la ville de Port-Louis participe au bon déroulement des grandes fêtes, comme le Nouvel An Chinois au Chinatown, le pèlerinage vers le caveau du Père Laval à Cité La Cure ou encore le pèlerinage de Maha Shivaratree vers Grand- Bassin, entre autres.

De 1810 à 1921, la population de Port- Louis passa d’environ 24 000 à plus de 50 000 habitants. On peut dire que l’ile Maurice, a, depuis toujours été un champ d’asile de toutes les populations, notamment asiatiques, disposées à aller chercher de la terre, du travail, et une nouvelle vie. s’y sont côtoyé des voyageurs de toutes les professions et religions, et de multiples origines : Malabares, Chinois, Malais, Arabes, Indiens des deux religions qui se partageaient l’Inde : Hindouisme et Islam. Ceux qui ont foulé le port de Maurice à cette époque ont chacun contribué à modeler ce qu’il est aujourd’hui : une ile paisible et multiculturelle. D’ailleurs il y a des cathédrales, des mosquées, et temples faits en pierres tailléesm, à la main, datant de cette époque qui témoignent de ce bouillon de culture. Et encore aujourd’hui la ville de Port-Louis participe au bon déroulement des grandes fêtes, comme le Nouvel An Chinois au Chinatown, le pèlerinage vers le caveau du Père Laval à Cité La Cure ou encore le pèlerinage de Maha Shivaratree vers Grand- Bassin, entre autres.

Dans l’époque contemporaine, la modernisation de la fonction portuaire est venue enrichir le patrimoine port louisien laissé en friche auparavant. Le port abrite une zone de port franc, le bureau des docks, et des douanes, la capitainerie, des silos, des parcs à containers et un moulin entre autres. C’est une zone en constante transformation et un véritable fleuron de l’Ocean Indien.

Par ailleurs, pour le grand bonheur des Mauriciens et des touristes de passage, le Caudan Waterfront, le Caudan Arts Center, et maintenant le terminus du Metro sont les dernières infrastructures qui sont venues enrichir ce bassin portuaire de multiples produits et services.

Quelles sont les villes du monde avec lesquelles Port-Louis est jumelée ?

La ville reste fidèle à son histoire cosmopolite et accueille avec fierté les délégations des pays de l’océan Indien mais aussi du monde entier. Dans l’océan Indien, nous sommes actuellement jumelées à Port-Mathurin de Rodrigues, la Commune de La Possession de l’Ile de la Reunion et Antsiranana (ex Diego-Suarez) de Madagascar. Et, sur les autres continents, nous sommes des “Sister cities” avec Saint-Malo en France, Pretoria en Afrique du Sud et Foshan de la République Populaire de Chine. Plusieurs autres jumelages sont en cours de formalisation.

Nous sommes, entre autres, membre de l’OVPOI (Observatoire Villes Ports Océan Indien). Et la ville de Port-Louis a également signé un “Protocole d’Accord et d’Intentions” et une “Charte d’Amitié et de Coopération” avec Le Port de la Réunion.

Pendant le premier confinement, comme co-président de l’Association des Villes et Communes de l’océan Indien, j’ai participé aux réunions à travers zoom pour identifier comment nous pouvions nous entraider entres villes. Ainsi la ville de Port-Louis a pu venir en aide à une ville de Madagascar. En retour, Port-Louis a bénéficié du soutien de la ville de La Possession de la Réunion et celle de Foshan de la République Populaire de Chine.

La ville de Foshan nous a notamment envoyé des masques et deséquipements de protection individuelle.

Cette interaction internationale reste très importante car, même en période de confinement, les villes ne dorment jamais. Nous apprenons donc continuellement, les uns des autres, les meilleures stratégies à mettre en place pour le bien-être des habitants et le bon fonctionnement des institutions. Et je tiens à remercier tous les employés de la Mairie qui ont travaillé d’arrache-pied, à mes côtés sept jours sur sept pour maintenir la propreté et l’hygiène de la ville. Sans conteste, en tant que Lord-maire l’expérience de ce premier confinement reste l’une des expériences les plus marquantes de ma vie.

Je veux faire de Port-Louis, un Green City, fleuri et durable.

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