Paul Presley | Managing Director, Cargo Handling Corporation Limited

Employeur principal du port, la CHCL entre de plein pied dans l’ère du Big Data et du benchmarking international et doit se repositionner comme port moderne et éfficient. Cependant, comme toute grande entreprise, elle doit composer avec les cultures de travail de cinq générations de travailleurs. Paul Presley, Managing Director de la CHCL, l’a compris : l’intelligence relationnelle est la clé pour pouvoir opérer ce virage technologique et générationnel.

Paul Presley, avant de rejoindre la CHCL, une organisation privée avec actionnariat principal de l’état, vous avait travaillé pour plusieurs grandes sociétés de logistique privées. Lorsque vous avez pris votre poste, est-ce que cela a été un choc de culture ?

Effectivement, c’est à travers le regard de logisticien que j’ai connu l’univers portuaire avant de rejoindre la CHCL. J’avais acquis comme bagage l’exigence des sociétés comme FeDex et Rennel en termes de respect des procédures et standards internationaux. Et, en travaillant pour Mc Easy Freight, j’ai pris la mesure des attentes et contraintes temporelles du client et des compagnies maritimes internationales.

Et, en rejoignant la CHCL, c’est un tout autre aspect de cette chaîne d’approvisionnement que j’ai appris à connaître. Toutefois, grâce à mes précédentes expériences, j’étais déjà un peu en terrain connu car j’avais déjà établi de bonnes relations professionnelles avec les acteurs du port. Cela a facilité ma prise de poste au sein de la CHCL et encore aujourd’hui, de nombreux développements sont possibles grâce à la collaboration de tous ces acteurs du port. Quand la CHCL innove, cela impacte tout le monde positivement.

Mais c’est une organisation dont l’histoire remonte à plusieurs générations et qui est solidement syndiquée. Pour apporter des modifications significatives, notamment la réorganisation du travail autour de nouvelles machines, il faut du temps. Cela, déjà notamment puisque les opérations se déroulent en rotation, ce qui rallonge les délais de formation par exemple. Et, il faut se rendre à l’évidence que depuis 1983, la CHCL n’a pas cessé d’évoluer et de se transformer. Donc l’apprentissage est constant, de même que les risques et les responsabilités. Aujourd’hui les défis sont très différents des débuts, le volume et la diversité du cargo appelle d’autres compétences et modes de fonctionnement. 40 ans de cela, nous n’avions pas ce même degré de complexité du travail et, avec la technologie, certaines fonctions deviennent obsolètes. Une véritable cohabitation homme-machine s’est mise en place et s’intensifiera avec le temps. Donc gérer les ressources humaines et l’organisation du travail dans ce contexte très particulier du port n’est pas à prendre à la légère.

La disponibilité et l’écoute envers chaque travailleur et aussi chaque partenaire de l’écosystème portuaire est un facteur clé pour pouvoir atteindre la vision d’un port moderne et efficient. D’ailleurs les employés de la CHCL, de même que les représentants syndicaux le savent : ma porte reste toujours ouverte. Tant que les équipes sont au travail, je suis toujours sur le qui-vive, matin et soir.

Vous parliez d’organisation du travail. La Covid 19 impacte les opérations des ports du monde entier. Comment s’organise la CHCL pour gérer les imprévus ?

La pandémie a été lourde en enseignements et a profondément modifié certaines organisations dans le travail. Maurice est une ile dont l’économie repose fortement sur l’importation. L’essentiel des matières premières vient par bateau, donc tout retard à un effet boule de neige sur l’industrie locale. La CHCL a évidemment tremblé lors du premier confinement. Et il y a eu des navires re-routés vers Colombo par exemple pendant la phase d’urgence initiale. Le monde avait peur en l’absence de vaccination et les modes de propagation du coronavirus étaient encore méconnues. Aujourd’hui nous avons d’autres procédures et les règles mises en place. Les acteurs du port et décideurs se réunissent deux fois par mois pour revoir les stratégies pour maintenir l’arrivée et les départs des cargos. Et aucune ligne maritime n’a fait l’impasse sur Port-Louis sur sa route.

Je tiens à saluer tout le personnel du CHCL qui est venu travailler, surtout pendant le confinement où nous avions tous la peur au ventre, mais ils ont pensé au pays. Notre plaçons en priorité absolue les vivres de première nécessité comme la nourriture et les médicaments ou autre dispositifs nécessaires pour la protection de la population.

Et, nous avons établi des modes de communication plus rapprochés avec différentes autorités. Par exemple lors de l’octroi des WAP, il y a dû y avoir des clarifications pour que nos employés puissent être transportés vers le port. Certains représentants des forces de l’ordre ignoraient que nous fonctionnions en système de rotation. Et le découpage en zones rouges a été une nouvelle fois l’occasion de clarifier et définir le rôle que joue la CHCL pour le pays en tant que service essentiel.

Sur le site, nous fonctionnons en H24 dorénavant et nous avons revu le shift system pour mieux adhérer aux nouvelles règles sanitaires. Nous avons réduit le nombre de cranes (grues) pour limiter la foule sur le site de travail. En, en accord avec les syndicats nous avons fourni un maximum de matériel de protection à tous. Nous faisons des tests PCR dès qu’il y une suspicion de contact avec une personne qui se révélerait positive à la Covid 19. Globalement, entre les deux confinements l’atmosphère s’est détendue et les mesures de sécurité rendent les employés plus sereins, même si la vigilance maximale reste de mise.

Le côté positif de toute cette réorganisation c’est que nous progressons rapidement sur la revue de procédures en collaboration avec la MPA, le ministère de la santé et les douances entres autres. Les responsabilités de chaque autorité par rapport à la gestion de la pandémie sont mieux définies et chaque événement est une source d’enseignement ou de tester la validité de nos nouveaux protocoles. Par exemple, le ministère de la Santé a la responsabilité d’effectuer les contrôles des marins à bord des vaisseaux avant même que ces derniers n’arrivent au port.

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