Votre avis sur les accords avec les grands pays sur l’axe Asie- Afrique ?
Le Gouvernement Mauricien est tenu par la géopolitique en voulant faire plaisir aux deux grands pays amis de Maurice, l’Inde et la Chine. Quand la Chine a obtenu des terrains dans Jin Fei, les Indiens ont sûrement exigé le même traitement et Maurice a dû ‘céder’ des terrains entre le Bulk Sugar Terminal et le Caudan Basin pour leur permettre de construire leur Neo Town, qui n’a pas vu le jour tout comme les 350 arpents repris des Chinois pour le développement du Riche Terre Business and Industrial Park.
Le Gouvernement Mauricien est tenu par la géopolitique en voulant faire plaisir aux deux grands pays amis de Maurice, l’Inde et la Chine. Quand la Chine a obtenu des terrains dans Jin Fei, les Indiens ont sûrement exigé le même traitement et Maurice a dû ‘céder’ des terrains entre le Bulk Sugar Terminal et le Caudan Basin pour leur permettre de construire leur Neo Town, qui n’a pas vu le jour tout comme les 350 arpents repris des Chinois pour le développement du Riche Terre Business and Industrial Park. Les Indiens, par-contre, ont voulu un traitement tel qu’il existe encore avec les Britanniques et les Américains sur l’archipel des Chagos. Les Indiens peuvent ainsi renforcer leur présence militaire dans l’océan Indien à… Agaléga. Nous n’avons pas fini de voir notre pays réduit comme une peau de chagrin….
Commandant Goilot, certains sont surpris de savoir qu’il peut y avoir des bateaux battants le pavillon mauricien. Est-ce un créneau qui mériterait d’être développé ?
La longue tradition de la Marine Marchande Mauricienne est malheureusement en nette régression. Dans les années 70, avant l’ère de la conteneurisation, les armateurs privés possédaient de nombreux navires y compris des cargos frigo thermes. Seuls quelques navires qui ne viennent jamais à Maurice sont actuellement sous pavillon mauricien.
D’ici quelques années nous aurons affaire à des étrangers pour occuper tout emploi où une formation navale est requise. La Mauritius Maritime Academy que mon oncle avait aidé à mettre sur pied et qui est située à Pointe aux Sables offre très peu de formations aux gens de la mer. Bref, il faut une solide stratégie de formation qui permettrait à notre marine marchande de perdurer.
C’est dommage que Maurice ne possède pas son propre pétrolier pour le provisionnement de nos hydrocarbures. Pourtant je crois savoir que ce sujet avait été évoqué dans le passé.
Qui dit accroissement de l’activité portuaire, dit aussi accueil du personnel navigant. Maurice est-il prêt à recevoir les marins de passage dans de bonnes conditions ?
Effectivement, à travers le Trevessa House, nous possédons un centre d’accueil digne de ce nom. Le Trevessa House est le fruit de la fusion de la Mauritius Sailors’ Home Society et de l’Apostolat de la mer. Ces deux ONG bénévoles ont pour mission de promouvoir, par tous les moyens possibles, le bien-être présent et futur des marins, en particulier ceux engagés dans le commerce international. Elles sont très anciennes et datent de 1857 et 1920 respectivement. Le Mauritius Sailors’ Home Society est une institution gérée par un comité dont les membres sont issus du milieu portuaire. Et l’Apostolat de la Mer émanant de l’église catholique.
L’International Transport Federation fit un don pour la construction d’un Seafarers Centre en 2005 à la Mer Rouge. Ce centre permet aux gens de la mer d’avoir accès à l’Internet et d’autres loisirs. Il faut savoir que la Mauritius Sailors’ Home Society et l’Apostolat de la mer comptent tous deux sur le Seaman’s Dues prélevés sur tous les navires qui accostent à Port- Louis. Cette redevance est collectée auprès des agents maritimes par la Mauritius Ports Authority, qui la reverse ensuite au Seafarers’ Welfare Fund (SWF).
Pour que le Trevessa House, son comité et son personnel puissent rendre ce centre fonctionnel et accueillant, il est primordial que l’État mauricien, à travers le ministère de la Marine, accorde une subvention raisonnable pour la bonne marche du centre. Il semblerait qu’un accord en ce sens sera signé dans un proche avenir. Rappelons que Maurice est signataire du Maritime Labour Convention (MLC 2006) qui stipule que le pays doit assurer un service de bien-être aux marins.
Commandant Goilot, cette passion d’une vie, vous la transmettez dorénavant aux jeunes à travers une association à Baie-du- Tombeau ?
Oui, le Capitaine Toi, mon frère et moi-même avons fondé une école de voile, la Saint Malo Sail Training and Yatching Association. Cela dans un esprit de transmission et de partage de cette riche expérience maritime que nous avons acquise pendant des décennies. Nous offrons des cours de voiles aux jeunes à partir de 12 ans sachant nager. Et le slogan est “Pousse vers le large”. Il faut savoir que Baie-du- Tombeau abrite l’église centenaire de Saint Malo, d’où le nom de l’association. Incidemment, c’est un clin d’œil au département de la Bretagne, en France, d’où sont partis nos ancêtres. Grâce à l’école de voile d’autres vocations naitront peut-être à Baie-du-Tombeau. Et qui sait, les futurs commandant Mauriciens en émergeront peut- être dans le futur !
Il ne faut pas oublier qu’il y a un flux massif de trafic de la Chine vers l’Afrique et vers l’Amérique du Sud qui va continuer dans le temps.
3 Comments
Une interview survol qui,évidemment,ne nous fait pas revivre les grands moments de notre port.Je note surtout le cri du coeur du commandant pour les marins du Wakasio qui, 8 mois après le naufrage, sont toujours en détention alors quíls n’étaient nullement impliqués dans ce drame.Yves Goilot est homme de mer et il peut prendre la mesure de l’éloignement de toute personne de son milieu famillial.
Merci pour l’intérêt que vous portez à Port Louis Digest.
Les invités de Port Louis Digest sont des experts de leur domaine. À l’occasion de futures éditions, des historiens seront amenés à livrer des éclairages sur l’Histoire et le développement du port.